• destinationailleurs
  • Nous sommes deux français, Amandine et Mathieu, partis pour un tour du monde.
  • Nous sommes deux français, Amandine et Mathieu, partis pour un tour du monde.

Recherche

18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 17:59

Au détour de nos recherches sur le net, nous sommes tombés sur ce blog. Nous souhaitons vous le faire partager. Il est tres bien raconté et correspond a 100% à notre vécu. Nous mettons le lien et une copie de son contenu au cas ou il disparaitrait :

http://terrealanvert.top-depart.com/nicaragua/rivas-esteli-chinandega-leon/recits/pret-pour-un-petit-trajet-en-bus--21958.html

"La gare routiere est l endroit le plus bruyant que j ai vu. Les gens qui y passent - pour quelques heures ou minutes - ne se font pas discrets. Il y a d´abord les nombreux bus, prets a partir, ou prets a se garer apres leur trajet, qui klaxonnent dans tous les sens pour indiquer leur trajectoire. Il y a ensuite ceux qui aident les chauffeurs de bus, ce sont eux qui nous font payer une fois montes a bord. Ces messieurs (nous n avons jamais vu de femmes), quand ils sont a l arret, doivent trouver le temps long. Ils crient a tue tete la prochaine destination de leur bus, comme s ils voulaient seduire les voyageurs aux alentours. Tiens, le gars qui crie Managua, il a une belle voix, et si on y allait ?
Il y a ensuite les chiens des gares de bus, ils vivent la, certains depuis toujours. Ils se reniflent le derriere, se courent apres, aboient et parfois grognent. Ils ont le poil abimés, certains boitent, ils n´ont que la peau sur les os et se renseignent a droite a gauche sil n´y aurait pas - on ne sait jamais - un déchet quelconque a se mettre sous la dent. Il faut dire que s´il n ont jamais de chance c est aussi qu ils ne sont pas les seuls. Il y a des gens aussi qui vivent la, dorment sur un banc, a moitié debraillés, eux aussi, cherchent desespérement quelque chose
pour remplir une dent creuse tombée depuis longtemps.
Enfin il y a les marchands ambulants. Les plus jeunes ont 6 ou 7 ans, les plus vieux dis fois plus. Ils se promenent avec un panier sur la tete ou a la main, en criant le plus fort possible son contenu, et parfois son prix. Vous avez oublié vos pommes ? vos serviettes en eponge ? vos sucreries a la noix de coco ? Aux cacahuetes ? votre choux au vinaigre ? votre poulet ? Des Mr Freeze improvisés dans un sachet plastique ? vos tomates ? Un coca ou un jus d´orange ? Des beignets au fromage ? A l ananas ? Pas de panique, ici, vous trouverez de tout, il suffit de comprendre ce que crient ces braves gens, en sueur, et de tendre un "cordobito" (un "tout petit cordoba").

Les odeurs ne sont pas tristes non plus. Par contre elles sont plus difficile a decrire. Imaginez tous ces produits precedemment cités en mode "pourrissage" et vous obtiendrez un apercu de l odeur d une gare routiere.
Vous vous faufilez entre les bus, des messieurs vont forcement venir vers vous pour vous proposer 1001 directions, plus ou moins eloignées de votre objectif principal. Ca y est, il est la, le bus pour Chinandega, et il part dans 15 minutes, normal il y en a un toutes les demi heures, il faut dire que dans une gare routiere, ca grouille de partout, et ca ne chome pas.
Vous entrez dans le bus. Si vous regardez l´avant, vous avez l impression d aller a une fete d anniversaire pour enfant. Vous apercevrez Winnie l Ourson, Bugs Bunny si vous avez de la chance, des milliers d autres autocollants partout, sur le retroviseur, sur les vitres. Les barres auxquelles on se tient sont decorées avec du scotch mutlicolores - on a l impression qu ils ont prepare ce bus pendant des heures.
Mais si vous regardez l arriere du bus, finies les couleurs. Vous avez plutot l impression d emmener un camion deglingué au cimetiere des transports.
Il y a malheureusement du monde, et deja, les gouttes qui ruissellent sur votre visage vous signalent qu´il n´y a pas l´once d un coup de vent. Les gens deja assis n´ont pourtant pas l air de souffrir de la chaleur. Vous posez votre sac a dos dans le compartiment au dessus des tetes prevu a cet effet. malheureusement, il n est plus raccroché a rien et titube dans le vide. Suffit de changer de cote. Vous vous glissez sur une banquette et la - surprise - vous remarquez qu il est en fait impossible de garder ses jambes devant vous, je veux dire, comme si vous etiez assis normalement. Mais vous remarquez bien vite que vous avez deux solutions. La premiere c est s affaler dans son siege et poser les genoux plus haut, sur le dossier de la personne devant. Malheureusement vous remarquerez que vous ne pouvez pas tenir plus de 10 minutes d affilée, vient alors la deuxieme solution, vous coincez les fesses bien en arriere dans votre siege et mettez la tete sur le dossier de devant. La aussi, la satisfaction est ephemere. La vraie solution, c est d alterner toutes les 10 minutes ces deux positions, et vous aurez l impression, a chaque fois, que vous avez trouvé la position parfaite .. jusqu a ce que .. quelques minutes plus tard, vous vous rendrez compte de ses limites.
Qu importe. Vous voila dans le bus, et vous avez une place assise. La transpiration de vos cuisses inonde votre siege, mais bon, tout le monde est dans le meme sac. Vous retrouvez l agitation de la gare des bus egalement a l interieur des bus : choux, tomates, coca, coco, serviettes, beignets, jen passe et des meilleurs, si vous n avez pas eu le temps avant, vous pouvez donner une piecette a ces plus ou moins jeunes vendeurs et alléger ainsi le panier de fortune qui trone sur leur tete.
Le bus demarre. Qui dit demarrage, dit musique. Aie, la musique sort trop fort. vous vous dites que le chauffeur va se precipiter sur le bouton du volume pour reparer son erreur et arreter de vous casser les oreilles avec cette musique assourdissante. Que nenni... il n en fait rien, et personne ne reagit. Tout le monde semble trouver le niveau sonore de cet engin normal. Les bébés endormis sur les épaules des parents ne bronchent pas. Tout est "normal"
Le bus est plein. Tres plein meme. Il vous parait d ailleurs, un peu trop plein. Un petit panneau face a vous vous rassure cependant sur la securite "The safety of your children is our business". Tiens, de l anglais ? Ah oui, on vous a pas dit. Les bus utilisés ici sont les bus scolaires deglingués que les USA ont decide de remplacer depuis des lustres. Ils les revendent ici. Pratique non ? Premier arret, vous vous ditez, tous ces pauvres gens debout vont avoir plus de places quand des gens vont descendre. Mais a votre plus grande surprise, personne ne descend. J ai loupé ma phase. Je voulais dire, non seulement personne ne descend, mais en plus, voila 8 autres personnes qui montent. La derniere est une petite dame avec un bébé qui a a peine quelques mois. Elle lutte pour mettre son sac en haut, sur l etagere qui va bientot craquer. Ni une, ni deux, vous lui proposez votre siege. Elle vous remercie d´un sourire et les grands yeux de son bébé semblent vous remercier egalement. Vous voila debout, parmi deux bonnes dizaines de personnes qui aurait du trouver quelque part un siege. Manque de pot, il y a pile sous votre tete.. le haut parleur. Ah ben oui, avec un volume pareil, il faut bien qu il y ait un peu partout des hauts parleurs. Vous ecoutez les paroles debiles des chansons des crooneurs d amerique du sud "baños compartidos... baños divididos.." (salle de bain partagée, salle de bain divisée ???). Vous regrettez d un seul coup votre super combine de votre siege pour avoir l impression toutes les dix minutes de trouver une position top confort. Debout, c est sympa, mais c est moins sympa quand le bus ne roule pas sur une route goudronnée mais sur un chemin de terre caillouteux. Les gens dans lesquels vous butez sont compréhensifs, d ailleurs ils ne disent rien. Une dame vous propose de vous faire un peu de place sur son siege. Manque de pot, c est une dame d ici, et elle est donc plutot grosse. Malgré tout, poser une demi fesse sur ce rebord de siege vous permet de soulager votre dos quelques temps. Ensuite, ce sera aux abdos de faire leur boulot.
Vous avez donc quelques temps de repis. Vous remarquez d ailleurs que le chanteur ne parle pas de salle de bain, mais de levres (labios compartidos... labios divididos). Ah oui, c est deja plus romantique. Les courants d´air font coller vos cheveux sur votre visage moite. Vous tournez la tete, avez un instant de repis. Et la, vous constatez qu il y a, sur le siege d a cote, une petite fille, sa grande soeur et son petit frere qui ont tous les trois de grands yeux rivés sur vous. Ils n ont pas vu que vous les aviez vus. Normal, ils ne regardent pas vos yeux. La petite fille inspecte vos chaussettes, le garcon scrute votre bras droit, et le petit garcon semble tres interessé par votre montre. Un peu plus loin, il y a deux jeunes filles en uniforme qui n´arretent pas de se retourner pour vous jeter des coups d oeils furtifs. Elles semblent s´etonner de vos cheveux et de vos yeux bleus. Au milieu, un jeune etudiant est debout dans l´allée. Il semble observer la couleur de votre peau. Et pile devant vous, un bébé a des yeux ébahis. Sans l´avoir apercu, vous etes depuis le debut la bete curieuse de ce trajet de bus. Vous comprenez alors que, pas la peine de lutter, des enfants plus ou moins grands, des messieurs et des dames plus ou moins discrets vont jeter des coups d oeil a droite a gauche ou vous mater carrément comme un extra terrestre. Faut dire que des blancs ici, y en a pas a la pelle.

Cinq arrets plus loin, la gentille mais neanmoins grosse dame a cote de vous se leve, vous libérant ainsi davantage d espace qu il vous en faut. Vous invitez a votre tour une dame debout a s asseoir. Vous posez vos genoux sur le dossier de dans pour soulager votre dos, oubliez vos cheveux collés dans vos yeux, la peau moite et les chansons romantiques qui hurlent dans vos oreilles ("lo sientoooooooo mi amoooooor", "desolé mon amour") et vous.. vous endormez. Pas de risque de louper votre arret, parce qu au moment de payer vous avez demandé au mec qui s occupe de ca de vous avertir quand vous serez arrivés. Ben oui, vous, vous ne connaissez pas, ici. Quand vous vous reveillez, le soleil a deja bien entamé sa descente. Ce n´est plus une dame mais un monsieur qui est assis a cote de vous. Les enfants qui se retournent pour vous observer ne sont plus les memes. Vous demandez a votre voisin dans combien de temps on arrive a Chinandega. Chinandega ? repond il en rigolant, mais c est passé depuis un moment !
Ah ben oui... le mec vous a oublié. Il va vous falloir sortir de ce bus au plus vite, en prendre un dans l autre sens jusqu a votre destination finale. Repayer le trajet, ce qui n´est pas tres grave, et s accrocher aux barres multicolores parce que sans aucun doute, vous serez debout, ce qui au final n est pas tres grave non plus. Vous avertissez le jeune homme qui vous a oublié. Il se marre. Ben oui, au final, c est un peu chiant pour vous mais rien n est grave !"

Merci a l´auteur de cet article !

Partager cet article

Repost0

commentaires

T
Excellent cette description, on le vit avec lui !<br /> Je vais de ce pas lire tous ses comptes rendus.<br /> vous y êtes, la vraie vie sans fioriture touristique. Quel régal !<br /> Merci de prendre le temps de nous décrire tous ces moments de votre nouvelle vie.<br /> En route pour le prochain épisode. :-)
Répondre