Basés à Antigua, nombre de volcans sont accessibles. Nous attendions avec impatience ce moment du voyage au Guatémala où nous pourrions visiter le volcan Pacaya et voir ses coulées de lave. Malheureusement, Pierre nous a appris à Panajachel que l'activité de ce volcan est considérablement réduite depuis 2010. Ils l'ont visité avec Zuzanna et le comparent au Cerro Negro du Nicaragua. Déçus, nous cherchons si un autre volcan peut nous intéresser. Autour d'Antigua se trouvent les volcans :
- Pacaya dont nous venons de parler
- Agua, qui surplombe la ville mais qui serait infesté de voleurs agressant les touristes
- Fuego, en activité intense et donc trop dangereux
- Acatenango, acollé au Fuego et le plus haut de tous
Nous décidons de monter l'Acatenango pour voir le Fuego de plus près. Renseignements pris auprès des tours opérateurs, il nous coûterait 90 $/pp comprenant le transport, repas de midi, guide et escorte policière. On n'est pas disposés à payer tant, surtout si nous nous retrouvons dans les nuages. On va se le tenter plus joueur et essayer de trouver un guide local au pied du volcan.
Lever 5h00, départ à pied 5h45 au lever du soleil. On fait du stop pour rejoindre Ciudad Vieja à 5 km car le premier bus pour la Soledad (point de départ) est à 8h00 à Antigua. Une famille (8 personnes) s'arrête en pickup et nous montons dans la benne. 5 personnes à l'arrière comme nous sous une grande couverture. Ils s'en vont pour le weekend sur la côte pacifique à 3h de route.
Petite photo en passant. A gauche le Fuego, à droite l'Acatenango avec ses deux sommets.
Descendus à Ciudad Vieja, un pochetron bien imbibé nous colle pendant 2 km nous empêchant de faire du stop. On arrive tant bien que mal à s'en défaire mais il n'y a plus de voiture. Nous marchons encore 2 km et arrivons au village de San Miguel de las Dueñas. Là, le volcan Fuego nous accueille par une éruption de fumées.
Mathieu : "Il me tarde de voir ça d'en haut !"
Nous continuons à marcher dans l'espoir d'un stop. La route se transforme très vite en piste de terre et il n'y a aucun passage. Amande le garde pour elle, mais elle n'y croit pas du tout. Il est déjà 7h15 et 17 km de piste nous séparent encore du point de départ. Un pickup de police passe et s'arrête à notre hauteur. La piste étant eu fréquentée, elle est propice aux agressions. Nous discutons un peu et ils acceptent finalement de nous emmener alors qu'ils finissaient leur service.
Notre taxi
Nous arrivons à la Soledad, au pied du volcan Acatenango à 2450 m d'altitude. Merci les policiers, Milca et Alejandro. Nous voici au milieu de quelques maisons. Le hameau compte 120 habitants. On se dirige vers une tienda pour acheter de l'eau. Personne. En faisant le tour nous trouvons la femme qui tient la mini épicerie. On lui demande de l'eau et un guide. Sa fille part en courant dans le village. 5 minutes plus tard, nous avons notre eau et notre guide, Carlos. On s'entend sur un prix de 150 Q pour deux, soit environ 20 $ (bien moindre que les 180 $ demandés en tour opérator). Il fait déjà froid et le temps est devenu très nuageux. Nous y sommes...
En bas, deux microbus de tour opérators sont stationnés. L'un est arrivé à 5h00, l'autre à 7h00 et nous, nous commençons l'ascension à 8h00. Carlos est peu bavard. Il répond tout juste aux questions et le plus souvent par un simple "si", même s'il n'a pas compris. Les conversations sur les pentes du volcan :
- Mathieu parle à Carlos qui ouvre la marche.
- Carlos : "si"
- Amande derrière demande : "qu'est-ce qu'il dit ?"
- Mathieu : "devine... Juste Si".
Sur la redescente, on en rigole...
On a tout de même réussi à apprendre que Carlos a 22 ans, un garçon de 6 ans et une fille de 5 ans. Papa à 16 ans, il est né à La Soledad et vit uniquement de son activité de guide.
La montée commence au milieu des champs de maïs puis dans une immense ravine avant de rentrer dans une forêt à flanc de volcan. Amande est déjà fatiguée et a mal au dos. Ca va être dur.
Amande : "La petite bête qui monte, qui monte, qui monte..."
A quoi ça sert de monter comme ça se dit-elle... C'est main dans la main que nous passerons une partie difficile moralement dans la forêt.
Plus haut, la forêt porte les cicatrices d'une éruption dix ans plus tôt. Les arbres sont calcinés.
Nous sortons de la forêt pour attaquer la dernière portion très pentue recouverte de scories volcaniques qui pour trois pas vers le haut nous font redescendre de deux... Le vent est très violent, nous congèle et nous déséquilibre. On ne peut plus parler. Nous sommes depuis longtemps dans les nuages qui condensent sur nos vêtements, sacs... Carlos a failli achever le moral d'Amande quand il nous répond en cours de route que nous ne sommes pas encore à la moitié. Mais comme nous l'avons constaté, il n'a aucune notion du temps et pas de montre. Mathieu rassure Amande en lui disant qu'il doit se tromper. Bien lui en a pris, il ne nous manquait pas grand chose.
Mousse poussant sur les scories, seule végétation au sommet.
Ces photos pourraient être intitulées le calvaire d'Amande : même faire un raid est plus facile et attrayant. Un peu d'aide sur la fin, nous voici au sommet et ses 3976 m d'altitude. Il nous a fallu 4 heures pour monter. Il fait très froid, le vent est cinglant. Amande a les membres anesthésiés par Réno et ne profite pas du tout de l'expérience. Mathieu a le visage tel un masque. Une goutte au nez inamovible. Pour parler, plus moyen de rouler les R en espagnol tellement les joues sont engourdies. Il a même du mal à cligner des yeux.
Vous l'aurez compris avec les photos, pas la peine de s'attarder ici pour contempler le Fuego, on ne voit rien du tout ! On redescend donc au plus vite pour se réchauffer. La descente est d'autant plus rapide que nous souhaitons attrapper le dernier bus qui descend vers Antigua à 14h00. Carlos nous fait faire une boucle et le chemin de redescente est plus court que celui de la montée. Non loin du sommet, nous rencontrons un petit groupe de touristes sans guide qui recherchent deux camarades égarés dans les nuages. D'autres groues sont là et le mot est passé. Notre guide ne semble pas plus alerté que cela et nous poursuivons la descente.
Plus loin, nous croisons un énorme groupe d'un tour opérateur d'une trentaine de personnes. Non seulement ils ont payé la peau du cul, mais le nombre et la lenteur du groupe ne font pas rêver... Ils devaient passer la nuit à mi-pente. Glagla ! Pour répondre au commentaire d'Yves, oui, on voit bien pourquoi les agences de voyage existent, mais une chose est sure, c'est pas pour nous... Moutons dans le troupeau, nous ne vivrions pas les choses aussi intensément. Pour nous, la recherche / débrouille contribuent au plaisir de l'activité, même si elles génèrent de la fatigue.
Le temps reste couvert jusqu'à la fin et nous aurons une petite pluie juste quand nous arrivons à l'abribus peu avant 13h30. Il nous aura fallu 5h00 en tout, sans pause. C'était du rapide ! Malgré la fatigue d'Amande, nous avons doublé plusieurs groupes dans l'ascension. Elle est pas tant à la ramasse qu'elle le croit !
La conclusion d'Amande : " les volcans, pour moi c'est fini ! y en a marre de monter comme des bourins pour rien voir ! "
Plus tard dans la soirée elle dit, les prochains volcans sont en Indonésie, on verra, je les aurai peut-être digérés.
Mathieu quant à lieu est fatigué mais content de cette expérience face aux éléments. C'est aussi le sommet le plus haut où il soit monté. Dommage pour le point de vue...