Encore une nuit difficile et courte mais cette fois-ci en bus pour rejoindre Jakarta où nos visas indien nous attendent. On débarque à 4h du mat après 8h de route défoncée et la musique très forte tout du long. Mais quand est-ce que les gens dorment ici ? On n'est pas encore descendus du bus que déjà on voit les regards des taxis s'épier entre eux près à bondir sur les pigeons français. Ils seront déçus, on n'en prendra aucun, non mais ! On file sous la pluie à l'arrêt de bus du Transjakarta qui ne rentrera en service qu'à 5h.

Prise de service énergique des employés du transjakarta (équivalent de la RATP). Garde-à-vous et devise scandée
C'est encore à un bus bondé que nous aurons affaire malgré l'heure matinale... On poursuit avec une voiture collective pour enfin arriver chez Linda notre hôte Couchsurfing.
Nous dormons un peu à même le sol avant d'entreprendre la traversée de la ville pour rejoindre l'ambassade d'Inde. Ouf, nous récupérons sans soucis nos visas et passeports. Nous détestons Jakarta : ville bruyante, polluée, embouteillée, surpeuplée et inintéressante. La pire ville de notre tour du Monde.

oui oui ceux sont bien des ordures dans la ville !
Nous avons "visité" Kota, la vieille ville avec Linda et cherché un guide d'Inde d'occasion mais sans succès. Mathieu a aimé s'aventurer dans le port tandis qu'Amande trouve la visite indécente : nous touristes et les gens au dur labeur. Le seul moment de répit sonore que nous ayons eu au sein de ce capharnaüm aura été aux abords de l'obélisque du Monas (Monument National). Sinon c'est vrombissements, Klaxons et pollution en continu.

Nous aurons passé plus de 4h dans les transports la même journée. Amande trouve évasion dans la lecture des infos francaises télechargées au hasard d'une connexion et dans l'écoute de l'album de Scooter. Mathieu quant à lui se surprend à avoir envie de rentrer dans un Mc Do pour y chercher du silence!

Nous sommes interpelés par plusieurs étudiants qui réalisent des enquêtes, genre travaux pratiques en anglais. On se prête au jeu, même s'ils ne comprennent que très peu de nos réponses. Les fameux hello mister évoqués dans le précédent article sont omniprésents. Ils s'adressent tant aux hommes étrangers qu'aux femmes. Cette façon d'interpeler les étrangers porte ici le nom de "syndrome mister" dans les classes cultivées. Ça change néanmoins des "goodbye" en guise de bonjour en Amérique Centrale. Le lendemain, nous sommes allés à la ville de Bogor avec Linda pour respirer.

Là aussi beaucoup de transport : Bogor est une ville à environ 2h de Jakarta. Le jardin botanique est joli et c'est le seul endroit "paisible" que l'on ait trouvé, sollicitations pour nous prendre en photo avec les locaux mises à part.


Sur le retour en bus, nous traversons une grosse pluie. Sans doute est-ce le signal du départ de l'Indonésie ! Demain, lever 4h30 pour rejoindre l'aéroport de Jakarta où nous prendrons un vol pour l'Inde.
Mathieu a depuis quelques jours des plaques infectieuses, sorte de boutons de pue, sur le crâne et les bras : pas cool pour aborder l'Inde d'autant plus qu'il est fatigué et observe moins d'entrain malgré le désir de découverte. Antibio matin et soir et crème aseptisante offerte par Linda, espérons que ce sera efficace. Nous attaquons aussi le traitement palu. Amande : "Tiens Mathieu, on va peut être voir des Schtroumpfs vu les effets indésirables cités" !

Amande chausse ses chaussures de course à pied, Mathieu prend son vélo,... de course, et nous voilà partis direction Citumang sous une bonne cagne.

Sur la route, on fait un petit tour à l'Indomaret, la chaîne de supermarché d'ici. Citumang est à 16 km à l'ouest de Pangandaran et est aussi appelé green valley (10 000 Rp pp). Malgré nos recherches, nous avions peu d'indications pour nous y rendre. Au final, en demandant "Citumang" sur le bord du chemin, les locaux nous ont indiqué la bonne direction.

Nous empruntons un sentier aménagé qui longe la rivière jusqu'à la résurgence dans une grotte. 

C'est un endroit fabuleux pour se baigner dans des eaux bleues turquoise. Il est possible de poursuivre derrière la grotte par un petit sentier qui mène de l'autre côté et où l'on retrouve la rivière et personne !

Amande dans sa salle de bain

Après avoir quitte nos hôtes, nous marchons une petite heure dans la ville agitée de Yogyakarta, direction la gare de Lempuyang. Notre train a une heure de retard. Aujourd'hui c'est la fête de Mathieu. Pour l'occasion Amande lui offre un snickers, sa barre chocolatée préférée.
Cette fois-ci, nous avons des places en économiques (35 000 Rp pp) pour le trajet Yogyakarta - Banjar. Ainsi nous aurons testé toutes les classes de voyage en train. Aujourd'hui donc, 5h de train avec les locaux. A peine montés, nous sommes regardés avec beaucoup d'insistance à la limite du soutenable. Nous sommes les seuls touristes,... encore une fois. En économique, on est 3 par banquette positionnée en face en face. La promiscuité avec les voisins est difficile. Le gamin ne cesse de nous toucher. Il est aussi intrigué par l'absence de cheveux et la barbe de Mathieu. Il aimerait son livre et la montre d'Amande. Il en devient pénible. Son père dort et mange comme un cochon. Les détrituts sont jetés par la fenêtre et par terre. Hors de question d'ailleurs d'annexer les chaussures pour laisser respirer les pieds.

Soudain, la tête d'un homme apparait dans l'allée entre les banquettes. Un homme petit et frêle, marqué par les années et noir de crasse est armé d'un balai défoncé. Il est à quatre pattes et repousse devant lui une montagne de déchets sans doute commencée en début de wagon. Amande en profite pour vider ses chaussures et revers de pantalon plein de riz du voisin.

Il fait chaud, ça pue et il y a peu d'air. Difficile de respirer et impossible d'avoir un instant de répit. Les banquettes sales collent aux vetements. De l'autre côté de la petite allée, une femme squelettique expose sur la banquette la nourriture en vente dans des feuilles de bananiers. Tous mangent avec leurs mains très sales et n'importe comment ; en même temps ils leur manquent la moitié de leurs dents. Le repas si on peut l'appeler ainsi, est ponctué par l'animation de la chute d'un sac. Mathieu qui tentait de trouver refuge dans la lecture s'est finalement endormi. A l'inter-wagon, un homme bourré essaie de fumer un pétard mal roulé. Quelle entreprise ! Vient le tour des marchands ambulants. Ça crie, ça se bouscule, ça vend de tout : jouets, bouffe, fruits, boissons, glaces, bijoux fantaisie, livres... C'est un défilé dune cinquantaine de vendeurs qui hurlent pendant des heures. On retrouve bien sur le "pop miiiiiiiiie !" (nouilles chinoise instantanées) et le "nasi ayam" (riz poulet). Il n'y a pas une minute de silence durant les 5h. Il y a aussi les clochards, les aveugles et des pseudos groupes de musique qui viennent varier l'intensité sonore.
Ah, le train s'arrête au milieu des voies. Ça repart. Beurk, des relents horribles de wc.

On s'aperçoit qu'un homme amputé de ses deux jambes passe dans l'aller escorté d'un aveugle. Avec tout ça on en oublie de regarder le paysage par la fenêtre. Cultures arides, des enfants jouent avec un cerf-volant.
Et c'est reparti pour les pseudos musicos et le vendeurs qui posent les articles sur les genoux avant de revenir dans l'espoir que nous soyons séduits entre temps.
Amande : "On en a pour combien de temps encore?"
Mathieu : "Oh, pas longtemps, trois heures..."
Amande : "Ah c est reparti pour les casseroles ambulantes ! Ils gavent à se planter devant nous surtout ne  tourne pas la tête ! "
Ils chantent faux bien sur mais le plus difficile c'est leur main qui quémande avec insistance à 2 cm de notre nez.

Nous arrivons enfin et à peu près à l'heure. Nouveau défi : descendre du train sans marches et sans quai, avec les gros sacs sur le dos !

A peine sortis du train, nous sommes harcelés et suivis par les taxis. Nous attrapons un bus à la volée pour Pangandaran (20000 Rp pp). Il est bondé et nous en avons pour 2 heures. On arrive vers 19h30. Même topo à la sortie du bus, une horde de taxis nous colle. Ca gave, on est fatigués des 7 heures de transport et Mathieu à mal à la tête : le pauvre s'est fait une belle bosse en se cognant le crâne à un toit de warung. A l'entrée de Pangandaran on nous demande 3000 Rp pp !!??? On bataille pas pour 30 centimes ! Nous choisissons de rester au Panorama, une sorte de home stay tenu par un couple franco-indonésien. (90000Rp la chambre avec petit déjeuner).

Le premier train de nuit que nous avions pris était de Surabaya à Jakarta. N'ayant acheté le billet que quelques heures avant le départ, nous avions dû prendre des sièges en classe Exécutif, les meilleures, les plus chères, et donc les seules restantes (350 000 Rp pp). Forts de cette expérience, nous avons réservé plus tôt les billets suivants pour notre Jakarta - Yogyakarta. Nous partons donc en train de nuit en classe bisness. On n'a pas osé tenter l'économique pour la nuit. Les différences par rapport à l'exécutif : pas de clim, sièges non inclinables, pas de prises électriques, les vendeurs ambulants rentrent dans le wagon à chaque gare au lieu de crier à la porte.

Nous arrivons épuisés à Yogyjakarta. Trop chaud, des dizaines de vendeurs sont passés nous agitant sous le nez leurs marchandises, impossible de trouver une bonne position pour dormir... Le wagon tout de gris à l'intérieur est d'une froideur qui n'inspire rien d'autre à Mathieu que les trains de déportation. Certes, on a des sièges... Nous comprenons maintenant ce que l'on avait lu sur internet disant que les trajets en train valaient le coup pour mieux connaître la vie locale. Animation garantie !

Nous varions les plaisirs : ce matin, lever de soleil ferrovière...

Nous nous rendons à pied (une bonne heure de marche tout de même) chez Siti et Marteens, nos hôtes couchsurfing chez lesquels nous trouverons repos. Un bon matelas, un endroit calme, la possibilité d'utiliser une moto, des vélos, une connexion internet pour poursuivre l'organisation et des informations pour nous faciliter le séjour.

Nous débutons la découverte de Yogya par la visite du palais du Sultan : Le Krakton où se tient justement un spectacle de danse.

Nous poursuivons par le quartier de Sosro, nous nous baladons sur l'avenue Malioboro et dans le quartier Prawirotaman. Nous allons aussi au marché beringharo.

Les fameux batiks, une technique d'impression d'étoffes

Le lendemain, courte visite du Water Castle (entrée 7000 Rp pp). En achetant les billets vers 15h00, nous avons demandé l'heure de fermeture, mais pas moyen d'obtenir une réponse. En fait, à peine entrés, un gardien ferme la porte derrière nous et nous pousse de salle en salle vers l'autre sortie. Très agréable...

Non loin de là, la mosquée souterraine. Nous ne pensions pas la visiter, mais ce bâtiment surgissant par endroit au milieu des ruelles d'habitations a intrigué Mathieu. Mais par où entre-t-on ? Après avoir longé les murs, pas d'entrée... Elle est cachée un peu plus loin dans un autre bâtiment. Entrée libre et donation. L'intérieur n'a rien à voir avec une mosquée mais est amusant avec des coursives circulaires semi-souterraines donnant sur un agencement d'escaliers au centre.

Avec notre hôte Marteens, nous sommes partis en vélo explorer les alentours de Yogja. Journée dynamique pour noous mais éprouvante pour Marteens. Mathieu poussera son vélo plusieurs fois et finalement Amande échangera son vélo peut être de meilleure qualité. De coup de pédale en coup de pédale, nous arrivons au site de Ngleggaran où nous pourrons admirer de jolis points de vue grâce à un sentier aménagée très ludique : cordes, échelles en bois, passages très étroits ...(3 000 Rp pp)

Nous suscitons beaucoup d'intérêt à chacun de nos passages !

Comme à chaque fin de journée, nous sommes noir de crasse lié à la pollution. La douche est bienvenue ! On entend par douche, se jeter des seaux d'eau remplis dans un bac sur la gueule.

Nous avons dormi 9h pour récupérer de notre grande journée d'hier. A peine levé, nous faisons des recherches sur notre guide pdf dans le pc et préparons l'ensemble des documents nécessaires à l'obtention du visa indien.

Les objectifs du jour : trouver la deuxième gare, obtenir nos billets pour le train de nuit de ce soir direction Jakarta, faire des photos d identités au format américain, trouver un accès internet (franchement pas évident), imprimer les pièces justificatives. Tout cela nous prendra la journée dans cette ville bondée et pourtant 3 fois moins grande que Jakarta. L'office de tourisme trouvé par hasard nous sera d'un grand salut. Au final, il nous manque seulement les photos. C'était difficile et compliqué mais nous avons réussi à prendre un train de nuit en exécutive pour 350 000Rp pp.
Prochain défi : l'arrivée à Jakarta à 6h du mat, trouver où faire des photos d'identité, trouver l'ambassade et espérer aucun soucis administratifs car ce sera vendredi. Nous ne voulons pas rester le weekend dans cette ville énorme. Nous avons aussi un contact couch surfing mais il est difficile d'être synchro avec toutes ses péripéties et les difficultés d'accès internet.

Pour l'heure, on va dormir...

dans le train ! enfin on va essayer !