Ce matin, nous avons manqué Ryan, l’américain rencontré hier soir, mais nous avons fait connaissance avec son épouse Betsy. Elle nous indique Bella Vista et Mono Feliz (singe heureux) comme lieu à voir.
Nous décidons d’aller le jour même se faire une idée sur cet endroit dénué de tourisme selon elle. Nous prenons un mini bus, négocions le trajet de 5 à 3$/pers. Nous passerons dans le port pétrolier (PTP Petroleo Terminal de Panama), le seul port restant Puerto Armuelles depuis la fermeture de celui consacré aux transports de bananes. Un super tanker met environ un jour et demi pour être vidé.
Nous atteindrons Bella Vista après 1h30 de bus sur une route – pour pas dire un chemin – très accidentée et rocailleuse, avec des passages sur des ponts peu rassurants.
Nous marchons en direction de la plage et apercevons des singes hurleurs.
Notre curiosité nous dirige vers ‘le tigre sauvage’ au lieu de mono feliz qui était notre destination initiale. Nous y faisons une belle rencontre, celle de David (oui Béa, encore un !). David est un ancien ingénieur en bâtiment des USA. Il a investi toutes ses économies pour mener sa mission de protecteur de la nature. Après 12 ans au Panama, la création de plusieurs sanctuaires de vie sauvage et 3 agressions violentes (on lui a tiré dessus 2 fois – les défenseurs de la nature sont rarement appréciés des braconniers), il va malheureusement devoir reprendre un travail pour se renflouer financièrement.
Nous avons passé 3 heures en sa compagnie. Il nous montrera avec passion, tout le travail qu’il mène pour le renouvellement des tortues de mer. A la fois nurserie, gardien, zoologiste, son travail semble porter ses fruits. Il relâche cette année plus de 10 000 tortues tout juste sorties de l’œuf ! Congratulation David and thank you for them !
Il nous présente également en plus de ses deux gros chiens, son animal de compagnie dont nous avons oublié le nom de l’espèce. Il l’a baptisée « Gorda Pansa » = « Gros ventre ». L’histoire de cet animal est aussi épique que celle de son maître et il serait trop long de la raconter ici. Gorda Pansa est magnifique.
Nous découvrons ensuite, la pisciculture qu’il a mise en place, l’histoire de la construction de la très grande maison qu’il a construite de ses mains, les lézards Jésus Christ (ils courent tellement vite et avec de si grands pieds qu’ils marchent sur l’eau), et nous nous rendons alors compte que le sol grouille de Bernard Lhermite (soldier crabs).
Nous profitons de ses connaissances pour nous renseigner sur l’insecte qui fait un sifflement strident, sinistre et entêtant dans la région. Il s’avère que cela ressemble beaucoup à notre cigale.
Nous ne savons comment le remercier et sommes quelque peu gênés de ne pas contribuer financièrement à son œuvre. Nous lui avons proposé nos services mais il semble ne pas avoir de tâche pour nous en ce moment. Dommage, une autre période aurait pu être plus propice.
Son œuvre, outre la survie des tortues consiste pour beaucoup à sensibiliser les locaux sur les problématiques écologiques : protection des espèces (les tortues et leurs œufs sont souvent pillés par les locaux pour de supposées vertues aphrodisiaques), et sensibilisation à la pollution par les déchets jetés n’importe où.
Une phrase résume son action pédagogique : « On ne retient que ce qu’on aime. On n’aime que ce que l’on connaît. On ne connaît que ce que l’on nous enseigne. »
Voici le lien vers le site internet de son association : www.tigresalvage.com et des vidéos youtube sous le pseudo de « tigre salvaje ».
Merci pour le pendentif Dauphin fait maison offert à Amande au moment de nous séparer !
Le mini bus pour le retour est prévu à 16h ; nous quittons David, enchantés. Nous activons le pas car nous sommes en retard. Enfin, on pensait l’être. Nous attendons avec des locaux pendant 1h30, quand nous apercevons un mini bus complètement déglingué tout comme son chauffeur. On se demande comment le châssis tient encore, les portes ne s’ouvrent que de l’extérieur… Le retour s’apparente à un rodéo interminable, d’autant plus qu’il y aura trois arrêts ; non pas pour déposer des passagers mais pour acheter du poisson, dire bonjour à une amie, remettre de l’eau en guise de liquide de refroidissement. A l’arrivée - on s’y attendait car nous n’avions plus de petites coupures - le chauffeur nous demande le double du prix ! Il nous a pris pour des novices ! C’était sans compter sur notre expérience naissante de Backpackers.
A priori, après une vingtaine de jours, c’est notre dernier jour au Panama. Le passage de la frontière sanctionnera la guérison de la plaie d’Amande. Enfin !